J'ai bien l'honneur ... by Yvan Daily

J'ai bien l'honneur ... by Yvan Daily

Auteur:Yvan Daily [Daily, Yvan]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 2016-06-19T00:00:00+00:00


CHAPITRE XII

Bien sûr, on ne peut pas passer sa vie au ciné. Et je commence à en avoir sérieusement assez du septième art, vers dix heures du soir ! Mike et moi n’avons pas dit un seul mot. D’ailleurs, qu’est-ce que vous voulez qu’on dise encore ? Nous sommes deux pauvres types avec dans nos poches un sale flouze tout brûlant, et sur les bras un crime commis par Vic et un accident dont je porte la responsabilité, et qui a toute l’apparence d’un crime. C’est une belle atrocité, du beau sadisme cousu main, et les jurés vont se jeter là-dessus avec volupté.

Le jour est tombé.

— Je mangerais bien quelque chose ! dit Mike.

— T’as envie de te montrer dans un retaurant ?

— Hon…

Ça ne veut dire ni oui, ni non, mais ça clôt la discussion. Nous nous baladons dans un parc public jusque vers minuit. Il n’y a presque plus de circulation. Nous nous risquons dans les rues.

Nous errons au hasard, quand nous nous trouvons devant la barrière d’une voie de chemin de fer.

— Viens, on va suivre les voies !

Nous marchons le long de la palissade. On pourrait facilement l’escalader mais on ne serait pas plus avancé entre les rails qu’ici ! Et en outre, on risquerait de tomber sur un garde-voie. Vers deux heures, nous marchons toujours. Je commence à être crevé, et je dois porter ma valise de la main droite, car mon épaule gauche ne supporterait pas ce poids. Pour finir, je la passe à Mike.

C’est lui, tout à coup, qui me dit :

— Y a un train derrière nous !

Je me retourne et, en effet, dans le lointain on entend un halètement poussif et puis on distingue les étincelles qui jaillissent de la cheminée.

Un peu plus loin devant nous, il y a une cabine surélevée sous laquelle je m’abrite après avoir escaladé la palissade sans trop de difficultés. Mike me passe les valises et me rejoint, alors que le train n’est plus qu’à deux cents mètres environ.

La locomotive arrive enfin à notre hauteur et elle passe lentement, en nous envoyant un grand jet de vapeur dans la figure. C’est un train de marchandises qui va sans se presser. Où ? Sur le troisième wagon, une inscription à la craie nous renseigne : Richemond. Richemond, je ne sais pourquoi, ça m’inspire aussi. Depuis quelques heures, je ne suis plus que des impulsions ! J’empoigne ma valise et je saute sur le wagon. Mike est un peu plus dur à la détente, mais il se décide quand même pour le suivant. Nous gravissons chacun notre petite échelle de fer, puis nous nous retrouvons chacun sur notre wagon de betteraves. Heureusement, ils ne sont pas très remplis et en s’asseyant, on n’est pas visibles de l’extérieur. Je jette ma valise dans le wagon où Mike est monté puis, en m’efforçant de garder l’équilibre, je me transporte jusqu’à lui. Là, nous nous allongeons tous les deux.

Dédaigneusement il me demande :

— C’est quoi, ces machins-là ?

— C’est des betteraves !

— Ça se mange ?

— C’est un aliment pour bétail.



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